Laurent Larrieu vient de publier un nouvel article sur les dendromicrohabitats (TreMs) dans la revue Biological Conservation en collaboration avec des collègues allemands de l'European Forest Institute (EFI). Il s’agit d’une revue de littérature pour comprendre comment la littérature scientifique existante sur les TreMs est répartie entre les différents taxa et les différentes échelles spatiales. Les principales hypothèses étaient que (i) la plupart des études se concentrent seulement sur quelques formes de TreM et quelques taxa, oubliant des pans entiers de la biodiversité associée à ces structures et (b) que les différentes échelles spatiales (i.e. l’arbre-habitat, la placette/peuplement, le paysage) ne sont pas représentées de manière égale. Le principal résultat est que les études se sont concentrées sur quelques TreMs, à l’échelle de l’arbre-habitat, et sur seulement quelques groupes taxonomiques qui ne sont pas représentatifs de l'ensemble de la biodiversité. En conclusion, les auteurs :
à inclure une plus grande diversité de TreMs et à prendre en compte une diversité de groupes taxonomiques dans les recherches, en particulier ceux qui sont traditionnellement négligés (e.g. les épiphytes, les excroissances et les exsudats pour les TreMs, la meiofaune pour les taxa)
à réaliser de futures études pour évaluer l'association de plusieurs groupes taxonomiques avec différents TreMs à plusieurs échelles.
Dutta T., Larrieu L., Schuck A. (2025). Who is using tree-related microhabitats (TreMs)? Biological Conservation, 307, https://doi.org/10.1016/j.biocon.2025.111180

Abstract:
Tree-related microhabitats (TreMs) are well-delineated tree structures that provide important resources and refuge to thousands of species. For these reasons, TreMs have been recommended as an indirect indicator of biodiversity in European forests. We conducted a literature review to understand the scale at which different taxonomic groups are associated with TreMs in Europe. Across a pool of 54 papers, we found that TreMs were most frequently studied at the scales of sampling plots (n = 28, 58 %) and individual trees (n = 18, 33 %), and less frequently at the stand scale (n = 5, 9 %). Two studies addressed the landscape scale in addition to the plot and stand scale (n = 1). Birds, saproxylic beetles and bats were the most frequently studied taxonomic groups overall and at the plot scale, whereas amphibians were only studied at the scale of individual trees. Tree cavities were the most frequently studied TreM-form at all scales and were often associated with bats and saproxylic beetles. Crown deadwood and fungal fruiting bodies were associated with saproxylic beetles, and tree injuries were frequently associated with bats. Sample sizes across all TreMs-taxa combinations were low, allowing only descriptive analyses and interpretation. The largest sample size for saproxylic beetles investigated at the plot scale (n = 15) across different TreMs, were found to be significantly associated more than 20 % of the times with tree cavities (33 %), tree injuries (21 %) and fungal fruiting bodies (20 %). We recommend future studies to evaluate species-TreM associations for the poorly studied TreMs such as epiphytic and epixylic structures, excrescences, and exudates, or poorly studied taxa such as meiofauna, and to evaluate multiple scales and taxonomic groups when possible. Our review could also serve as a starting point to consider which taxonomic groups would benefit from those management practices that enhance TreM-associated biodiversity.
Laurent Larrieu et Sylvie Ladet sont co-auteurs d'un nouvel article paru dans la revue Journal of Archaeological Science: Reports. Il est issu des résultats de l'ANR JCJC Bendys (ANR-19-CE03-0010) associant scientifiques des sciences humaines et sociales (sociologie, anthropologie, archéologie, histoire, géographie) et des sciences de l'environnement (écologie, biogéochimie, géologie, biologie) pour requestionner et affiner le paradigme existant des forêts primaires reliques situées en Europe tempérée et clarifier leur dynamique à long terme. Ensemble ils montrent comment l'écologie historique révèle la co-construction à long terme des vieilles forêts européennes actuelles. L'article dresse des perspectives pour ces forêts de mise en œuvre d'une gestion forestière respectueuse de la biodiversité.
Py-Saragaglia V., Saulnier M., Larrieu L., Burri S., Brun C., Danu M., Galop D., Parrilla S., Mazier F., Ladet, S. (2025)
The beech-fir forest, the baseline natural forest ecosystem in the montane belt of temperate Europe: questioning an ecological myth, Journal of Archaeological Science: Reports, vol 64, 105133, ISSN 2352-409X,18 pages, https://doi.org/10.1016/j.jasrep.2025.105133.

Abstract:
The present study aims to challenge and refine the existing paradigm of relict primary forests located in temperate Europe and to clarify their long-term dynamics. We focussed on the beech-fir (Fagus sylvatica L.-Abies alba Mill.) forest located in the montane belt of Romanian Carpathian Mountains and French Central Pyrenees. An hierarchical sampling strategy was employed, encompassing a multi-proxies study of two cores extracted from one peat bog (Romania) and one lake (France) in proximity to six best-preserved Old-Growth Forests (OGFs), complemented by an archaeological survey on 40 ha, the study of historical archives (16th-20th c.), the soil charcoal analysis of 16 pits, and the charcoal analysis and radiocarbon dating of former charcoal kiln platforms (n = 41).The results enabled the reconstruction of the Holocene vegetation history of these OGFs from the postglacial forest recovery and to highlight the main anthropogenic phases since c. 4000 BP. At the local scale, in the heart of the OGFs, we detected direct traces of human activities from the Bronze Age, with a sharp increase in the Modern Times, influencing forest composition and dynamics. Our results upset the paradigm of relict primary forests in temperate Europe. The montane ‘climax’ beech-fir forest used as baseline for natural forest conservation is the result of a co-construction between natural and anthropogenic processes. The biodiversity observed in contemporary OGFs can be attributed to the characteristics of maturity that have emerged in the absence of human economic activities for several decades. This underscores the necessity for biodiversity-friendly forest management strategies.
Résumé:
La présente étude vise à remettre en question et à affiner le paradigme existant des forêts primaires reliques situées en Europe tempérée et à clarifier leur dynamique à long terme. Nous nous sommes concentrés sur la hêtraie-sapinière de l’étage montagnard des Carpates roumaines et des Pyrénées centrales françaises. Une stratégie d'échantillonnage hiérarchique a été employée, comprenant une étude multi-proxies de deux carottes extraites d'une tourbière (Roumanie) et d'un lac (France) à proximité de six vieilles forêts (VF) les mieux préservées, complétée par une étude archéologique sur 40 placettes d’1 ha, l'étude d'archives historiques (16e-20e s.), l'analyse des charbons de bois du sol dans 16 fosses, et enfin l’analyse et la datation radiocarbone de charbonnières. Les résultats ont permis de reconstruire l'histoire de la végétation holocène de ces forêts anciennes à partir de la reconstitution de la forêt postglaciaire et de mettre en évidence les principales phases anthropiques depuis environ 4000 ans avant notre ère. À l'échelle locale, au cœur des VF, nous avons détecté des traces directes d'activités humaines depuis l'âge du Bronze (environ 2000 ans avant Jésus Christ), avec une forte augmentation à l'époque moderne (15e-18e s), influençant la composition et la dynamique des forêts. Nos résultats bouleversent le paradigme des forêts primaires reliques en Europe tempérée. La hêtraie-sapinière montagnarde « climax » utilisée comme référence pour la conservation des forêts naturelles est le résultat d'une co-construction entre des processus naturels et anthropogéniques. La biodiversité observée dans les VF contemporaines peut être attribuée aux caractéristiques de maturité qui ont émergé en l'absence d'activités économiques humaines pendant les dernières décennies. Cela souligne la nécessité d'adopter des stratégies de gestion forestière respectueuses de la biodiversité.
Lisa Darmet et Cécile Barnaud viennent de publier un article intitulé: "What is the future of pastoral livestock farming in the context of climate change? An environmental justice analysis of contested discursive justifications of pastoralism in the Pyrenees" dans la revue Journal of Rural Studies. Il s'agit du premier article de thèse de Lisa et porte sur ses travaux dans le cadre du projet de recherche JustScapes qui mobilise le cadre de la justice environnementale appliqué aux spécificités du pastoralisme.
Darmet L., Barnaud, C. (2025) What is the future of pastoral livestock farming in the context of climate change? An environmental justice analysis of contested discursive justifications of pastoralism in the Pyrenees. Journal of Rural Studies, 117, pp.103654. ⟨10.1016/j.jrurstud.2025.103654⟩. ⟨hal-05035098⟩

Abstract:
Livestock farming is a major contributor to greenhouse gas emissions, leading to calls for reduced meat consumption and production. However, existing research often overlooks the specificities of pastoralism, an extensive form of livestock farming practices in mountainous areas. This results in intersecting injustices for pastoralists, which remain under-researched. This article addresses this gap by exploring how these injustices manifest locally, the justice claims articulated by the different actors of these pastoral landscapes, and the impact of climate change on their perceptions of pastoralism. We employ an empirical environmental justice framework to analyze the diverse discourses and justice claims of the inhabitants of a valley in the French Pyrenees, regarding how pastoral livestock farming should evolve (or not) in the context of climate change. Our findings reveal the complexity of issues that impact rural populations and highlight intra-rural inequalities. We show that climate arguments do not necessarily challenge prevailing discourses about pastoralism; instead, they are often integrated in existing dominant discourses about its environmental benefits. However, climate arguments also support minority views about the benefits of spontaneous reforestation resulting from the decline of pastoralism. Additionally, we identify a growing discourse advocating for agricultural diversification in response to climate change, which questions the specialization of mountain regions for pastoralism and highlights related land access injustices. This study underscores the need for centering the voices and knowledge of populations living in pastoral landscapes in order to foster just transformations of these landscapes in the context of climate change.
Résumé:
L'élevage est reconnu comme l’un des principaux contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre, suscitant des appels à une réduction de la consommation et de la production de viande. Cependant, les recherches existantes négligent souvent les spécificités du pastoralisme, une forme d'élevage extensif pratiquée dans les zones montagneuses. Il en résulte des injustices croisées pour les éleveurs pastoraux, qui restent peu étudiées. Cet article vise à combler cette lacune en explorant la manière dont ces injustices se manifestent localement, les revendications de justice formulées par les différents acteurs de ces paysages pastoraux, ainsi que l’influence du changement climatique sur leurs perceptions du pastoralisme. En mobilisant un cadre de justice environnementale empirique, nous analysons les divers discours et revendications de justice portés par les habitants d'une vallée des Pyrénées françaises, concernant l’avenir souhaité du pastoralisme dans le contexte du changement climatique. Nos résultats mettent en lumière la complexité des enjeux qui affectent les populations rurales et mettent en évidence les inégalités intra-rurales. Nous montrons que les arguments climatiques ne remettent pas nécessairement en question les discours dominants sur le pastoralisme ; au contraire, ils sont fréquemment intégrés dans les récits existants sur ses fonctions environnementales. Parallèlement, les arguments climatiques appuient également les points de vue minoritaires sur les avantages de la reforestation spontanée liée au déclin de l’agriculture de montagne. Par ailleurs, nous identifions un discours émergent en faveur de la diversification agricole face au changement climatique. Ce discours remet en question la spécialisation des régions de montagne pour le pastoralisme, tout en soulignant les injustices liées à l’accès au foncier. Cette étude met en lumière la nécessité de centrer les voix et les savoirs des populations vivant dans les paysages pastoraux afin de favoriser des transformations justes de ces territoires dans le contexte du changement climatique.























