Peut-on encore parler de nature?
Par Floriane Clément et Marc Deconchat (UMR DYNAFOR)
Dans le contexte actuel de crise climatique et écologique, un nombre croissant de chercheurs questionnent la conceptualisation de notre rapport à la nature. En effet, la façon dont on étudie les processus écologiques du vivant dépend fortement de la perception que l’on se fait de ce qu’est la Nature et les entités en jeux. La conceptualisation de notre rapport à la nature façonne par ailleurs largement l’action publique au travers d’un cadrage des débats dans les arènes politiques. Par exemple, certaines études avancent qu’un modèle dualiste nature/culture justifie l’expansion des aires protégées, menaçant ainsi les droits et modes de vie des populations locales et indigènes, en particulier dans certains contextes du Sud.
Une très longue tradition morale et philosophique nous a incités à dépouiller les êtres vivants non humains d’un grand nombre des attributs qui sont reconnus pour constituer notre propre individualité. Plusieurs auteurs tendent aujourd’hui de montrer les limites de cette vision « cartésienne » du reste du monde vivant. Ils proposent des approches alternatives qui pourraient nous inciter à modifier notre façon de voir et donc d’étudier les processus écologiques, mais aussi la façon de les prendre en compte dans les pratiques et les politiques à conduire.
Au travers de ce RDJ, nous souhaitons mettre ce sujet en débat, notamment à partir des travaux de B Morizot et V Despret, et des perspectives récentes d’évolutions de politiques publiques: sur quelles conceptualisations de la nature nous appuyons nous implicitement ou explicitement dans nos recherches? Comment cela peut-il influencer nos recherches et leur implication pour les acteurs publics?
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