L'intensité des pratiques agricoles réduit indirectement le rendement des cultures ...
Titre complet: L'intensité des pratiques agricoles réduit indirectement le rendement des cultures par le biais d'effets négatifs sur l'agrobiodiversité et les fonctions écologiques clés.
Par Aude Vialatte (UMR DYNAFOR, Directrice de recherche)
L'intensité des pratiques agricoles et l'hétérogénéité du paysage influencent l'agrobiodiversité et les fonctions écologiques associées. Les contributions relatives des composantes de l'agroécosystème à la production agricole restent floues en raison des interrelations et des variations liées aux conditions météorologiques. En utilisant une approche de modélisation par équations structurelles, nous avons estimé les contributions directes et indirectes de l'intensité des pratiques agricoles (gestion du sol, utilisation de pesticides et fertilisation) et de l'hétérogénéité du paysage (des couvertures semi-naturelles et de la mosaïque de cultures) à la production de cultures céréalières, dans 54 champs (principalement du blé), sur deux années (24 et 30 champs). Les effets indirects ont été évalués à travers l'agrobiodiversité (communautés de carabes et de plantes) et les fonctions écologiques (pollinisation et contrôle des ravageurs). En 2016, l'intensité des pratiques agricoles a eu l'effet positif direct le plus important sur le rendement des cultures céréalières, suivi par l'agrobiodiversité (74 % de l'impact de l'intensité culturale) et les fonctions écologiques. Toutefois, les avantages directs de l'intensité agricole ont été réduits de moitié en raison d'effets indirects négatifs, l'intensité agricole ayant eu un impact négatif sur la biodiversité et les fonctions écologiques à l'intérieur des champs. Dans l'ensemble, l'agrobiodiversité et l'intensité des pratiques ont eu des contributions nettes égales aux rendements des cultures céréalières, tandis que l'hétérogénéité de la mosaïque de cultures a renforcé la biodiversité. En 2017, ni l'augmentation de l'intensité agricole, ni l'agrobiodiversité et les fonctions écologiques n'ont pu relever la production céréalière, qui a souffert de conditions météorologiques défavorables. Les habitats semi-naturels ont soutenu l'agrobiodiversité. Notre étude suggère qu'une réduction de l'intensité agricole combinée à une plus grande hétérogénéité de la mosaïque de cultures peut améliorer les avantages des fonctions écologiques pour la production végétale. Les couverts semi-naturels semblent jouer un rôle essentiel face aux événements climatiques, en soutenant l'agrobiodiversité et la résilience potentielle du fonctionnement de l'agroécosystème.
Pour en savoir plus sur cet article : Duflot, R.; San-Cristobal, M.; Andrieu, E.; Choisis, J.P.; Esquerré, D.; Ladet, S.; Ouin, A.; Rivers-Moore, J.; Sheeren, D.; Sirami, C.; Fauvel, M.; Vialatte, A. (2022) Farming intensity indirectly reduces crop yield through negative effects on agrobiodiversity and key ecological functions, Agriculture, Ecosystems & Environment, Volume 326, 2022,107810, ISSN 0167-8809, https://doi.org/10.1016/j.agee.2021.107810..
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